sábado, 19 de noviembre de 2011

L’Espagne est capable de relever son défi financier si ses citoyens le décident.

Lorsque nous parlons des PIIGS sous une forme ou sous une autre, nous succombons à la tentation de l’amalgame. Cette erreur d’analyse nous amène souvent à la conclusion que la thérapie nécessaire est fondamentalement la même. Certes, ces pays ont en commun un niveau d’endettement par rapport au Produit National Brut très au-delà des 60% requis et un déficit budgétaire très supérieur à 3%. La question cependant est d’analyser la source de ces déficits.

L’endettement espagnol est excessif, mais pas aussi critique que ne pourraient le laisser sous-entendre les propos dramatisants de certains dirigeants et médias.

Le surendettement de l’Espagne est relativement récent et bien moins important que d’autres : au moment où la Grèce accusait un taux de 120 %, l’Espagne, à la fin de 2008, avait un endettement de 40 % de son PNB. Ce taux est monté à 60 % à la fin 2010 et pourrait atteindre 80% à la fin 2011. C’est le niveau de la France.

L’Espagne a réussi, au cours des 9 premiers mois de 2011, à réduire de 17% son déficit budgétaire. Il représente 4-5% du Produit National Brut. Ce niveau est proche des critères européens et définitivement inférieur à la France qui devrait terminer l’année avec un déficit de 7%. Son programme est maintenant très largement engagé.

L’Espagne n’a pas demandé d’aide à l’Europe, et la Banque Centrale Europeenne est intervenue de manière marginale en achetant moins de dette espagnole que de dette d’autre pays en difficultés de l’Eurozone.

La dette totale de l’Espagne est de l’ordre de 650 milliards d’euros, soit moins de la moitié de la dette italienne ou française. Elle doit donc faire moins souvent appel aux marchés des capitaux pour se financer et se refinancer.

L’Espagne n’est pas seulement un pays européen : elle bénéficie des innombrables liens d’affaires avec l’Amérique Latine, qui connait des croissances spectaculaires. Les grandes banques espagnoles, Telefonica, Repsol et bien d’autres ont des implantations latino-américaines parfois plus importantes qu’en Europe.

Cela veut-il dire que l’Espagne pourra s’en tirer à bon compte ?

Il y a encore des mesures d’urgence qui doivent être mises en place et que le Gouvernement Zapatero n’a pas pu ou voulu exécuter. Il s’agit principalement d’une relance de l’emploi. Les taux sont astronomiques avec notamment 40% de chômage pour les moins de 30 ans. Il faut regarder ces chiffres avec une loupe. Une des caractéristiques des pays « méditerranéens » est l’organisation d’une « économie souterraine » importante. Ici comme dans d’autres pays voisins, la remise en ordre des horaires du travail devra être mise en place.

La restructuration du secteur bancaire s’est réalisée de manière efficace : il faut dire que ce ne sont pas les grandes banques espagnoles qui étaient prises par les crédits hypothécaires. Ce sont surtout les Caisses d’Epargne (Cajas de Ahorros) locales qui servaient de banquier aux politiciens locaux. La crise aura au moins permis de donner au gouvernement fédéral les moyens de restructurer, fusionner et recapitaliser des institutions financières qui manquaient largement de discipline. C’est ce sauvetage qui est responsable pour une bonne partie de la croissance de la dette espagnole.

Les investisseurs ne s’y étaient pas trompés : l’Espagne a continué à avoir accès au marché obligataire à court et moyen terme. Son taux de financement est resté inférieur à l’Italie et la « prime de risque » de l’Italie. Là où l’Italie avait une prime de 6%, la prime espagnole était de 4,5%. En revanche, jeudi 17 novembre, le trésor espagnol a émis pour 3,563 milliards d'euros d'obligations à dix ans, à un taux d'intérêt record : 6,975%.

Les élections nous diront si un consensus politique sur l’austérité nécessaire en Espagne continuera à permettre de mettre en place les mesures les plus difficiles. Il est important qu’il y ait un accord national sur les mesures nécessaires : les « indignados » nous rappellent que l’opinion publique continue à surveiller de près les décisions économiques ibériques. La fierté traditionnelle du pays devrait permettre un accord pour éviter l’intervention du FMI qui a humilié l’Italie et démis son premier ministre.

Quelles que soient les différences de ton les Espagnols sont des Européens convaincus et n’envisagent pas, qu’ils soient de gauche ou de droite, un distanciement quelconque de l’Union Européenne et de l’Euro. Les résultats de l’élection de ce dimanche devraient nous permettre de mesurer la traduction de l’opinion publique en votes sonnants et trébuchants.

http://finance.blog.lemonde.fr/2011/11/17/l%E2%80%99espagne-est-capable-de-relever-son-defi-financier-si-ses-citoyens-le-decident/

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